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Centrale nucléaire du Blayais : quelle durée de vie ?

mercredi 9 janvier 2019

Les quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais, pourront-ils fonctionner au-delà des 40 ans définis lors de leur conception ?
Cette question fait l’objet d’une concertation publique en cours sur le quatrième réexamen périodique des centrales 900MWe, dont celle du CNPE du Blayais . [1]
Voici quelques éléments du débat.

Les résultats du 4ème réexamen périodique seront connus tardivement
Selon l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) le réexamen de sûreté auquel chaque réacteur sera soumis permettra de « déterminer à quelles conditions ces réacteurs pourront fonctionner au-delà de 40 ans »
Cette présentation rassurante est démentie par l’analyse du calendrier prévisionnel d’EDF et des délais d’instruction de l’ASN.
Quand les réacteurs seront arrêtés pour procéder aux contrôles, mises en conformité et mises à niveau associés aux quatrièmes visites décennales, l’âge des réacteurs de la centrale du Blayais atteindra :
 40,9 ans pour Blayais 1
 41,8 ans pour Blayais 2
 42,7 ans pour Blayais 3
 42,9 ans pour Blayais 4
Et ce n’est que la première étape. EDF établira ensuite un rapport présentant l’ensemble des résultats ainsi que les travaux qu’elle se propose de réaliser pour remédier aux anomalies ou améliorer la sûreté. Après instruction du dossier et enquête publique, l’ASN se prononcera enfin sur la poursuite du fonctionnement de chaque réacteur et sur les travaux complémentaires à réaliser. EDF ayant indiqué que cette seconde phase de travaux débuterait 4 ans après la visite décennale, lorsque les réacteurs seront arrêtés pour procéder à cette dernière phase de travaux, l’âge des réacteurs du Blayais atteindra :
 45,4 ans pour Blayais 1
 46,3 ans pour Blayais 2
 47,2 ans pour Blayais 3
 47,4 ans pour Blayais 4
Selon le CRIIRAD, "les réacteurs de 900 MWe ont été conçus pour durer 40 ans mais industriels et autorités de contrôle ont donc décidé depuis longtemps de passer outre cette échéance. Les débats sur la question ne sont qu’un jeu de dupes.
L’analyse des documents officiels permet d’estimer le temps de fonctionnement au-delà de 40 ans à 150 années.réacteurs avant démarrage des travaux des visites décennales (et 230 années.réacteurs avant réalisation des travaux de la seconde phase) ! Tout au long de ces phases, la probabilité d’un accident nucléaire majeur est évidemment augmentée… et des problèmes techniques ou organisationnels pourraient encore allonger les délais !"

Marges de sécurité des cuves
Les cuves en acier des réacteurs nucléaires constituent un élément essentiel du circuit primaire des centrales électronucléaires. [2]
Yves Marignac, directeur de WISE Paris, soulève une question essentielle :
"Dès leur conception, des marges de sécurité importante avaient été prises.
Compte tenu de certains retours d’expérience, en France et ailleurs, on ne peut exclure qu’il existe en amont des malfaçons cachées et en aval des dégradations non perçues.On ne prend pas assez en compte les incertitudes liées au vieillissement du matériau, qui consomme les marges de sûreté prévues initialement. Il faut une discussion publique sur ce sujet : jusqu’où peut-on consommer ces marges ?
" [3].
Cette question sera-t-elle abordée dans la concertation ?

Echos médiatiques :
Fermeture de centrales nucléaires : quel impact pour le Blayais  ? Pierre Lascourrèges. Sud Ouest. 06/01/2019

Mise en ligne du 09/01/2019
Mise à jour du 03/02/2019


[1Cf Concertation sur l’amélioration de la sûreté des réacteurs de 900 MWe du parc nucléaire français, dans le cadre de leur 4ème réexamen périodique. Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) https://concertation.suretenucleaire.fr/