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Energie solaire photovoltaïque en Gironde

jeudi 28 mars 2024

Pour la SEPANSO Gironde, le développement de l’énergie solaire photovoltaïque doit être privilégié sur les toitures et les zones déjà anthropisées.
Répondant au nom bucolique de "parc photovoltaïque" , de "ferme photovoltaïque" ou de "champ photovoltaïque", les centrales photovoltaïques au sol s’avèrent non seulement grosses consommatrices d’espaces naturels agricoles ou forestiers, mais aussi opportunités pour des opérateurs plus soucieux de rentabilité financière que du respect de la légalité ou de protection de l’environnement.
Le risque incendie de ce genre d’installation semble prégnant, puisque plusieurs incendies se sont déclarées sur des parcs photovoltaïques de Gironde, engendrant de lourdes conséquences financières.

Favorable à la production d’énergies renouvelables afin de limiter l’usage des énergies fossiles et le recours au nucléaire, la SEPANSO Gironde soutient le développement de la filière solaire photovoltaïque dans le cadre d’une transition énergétique privilégiant sobriété et efficacité énergétiques.
L’installation des panneaux photovoltaïques doit être faite en priorité sur des zones anthropisées [1], conformément aux orientations du Schéma Climat Air Energie de l’Aquitaine et au SRADDET de Nouvelle Aquitaine
Selon la DREAL Aquitaine le potentiel photovoltaïque des toitures et des zones anthropisées de Gironde, à développer en priorité, est très important et s’établit ainsi :
 toitures : 5807 ha soit 2711 MW
 zones anthropisées : 1538 ha soit 718 MW
Dans son avis du 19 juin 2024, le Conseil National de Protection de la Nature recommande d’interdire tout nouvel équipement photovoltaïque sur des espaces naturels ou semi-naturels tant que le potentiel des surfaces artificialisées n’a pas été épuisé.

La Sepanso se félicite de la réalisation des projets comme celui de l’ombrière de Bassens inaugurée le 29/09/2015 (13,5 MWc sur 6,7 ha) [2] ou de celle du parking de la foire de Bordeaux (12 MWc sur 20 ha), inaugurée le 04/04/2012.

On constate malgré tout, que sur 21 centrales photovoltaïques au sol, réalisées au 12/01/2018 en Gironde et représentant une surface totale de 890 ha, 95 % concernent des espaces forestiers, naturels ou agricoles, et 5% seulement des zones anthropisées.
Petit à petit, tous les tabous envers les milieux naturels et la forêt sautent, et les industriels n’hésitent plus, comme pour la centrale de Constantin à Cestas à transformer 260 hectares de territoires forestiers en une immense usine photovoltaïque.
Ce type d’énergie renouvelable contribue donc bien à l’artificialisation des sols en Gironde.

Densité de panneaux au sol
L’examen des centrales au sol de Gironde, montre que leur emprise au sol par unité de puissance (MWc) varie beaucoup d’une installation à l’autre.
Ainsi la grande centrale de Cestas, ne consomme que 0,9 ha par MWc.
En moyenne pour la Gironde, on observe une emprise de 1,5 ha par MWc.

Projet photovoltaïque de Bazas
Un très mauvais exemple a été donné par cette commune de Bazas (33) qui souhaitait implanter une centrale photovoltaïque sur 25 ha de sols forestiers : le défrichement nécessaire concernait des jeunes pins maritimes, dont le reboisement avait été permis après la tempête de 1999 , grâce à 2 subventions publiques versées pour nettoyer (12,5 ha) et reconstituer (11,5 ha) la forêt détruite. Dans ce dernier cas , il semble que certains confondent transition énergétique avec gaspillage de fonds publics...
Le 29/10/2015, le tribunal administratif de Bordeaux a annulé le permis de construire délivré par la préfecture le 15 février 2013 à la société E. ON Climate Renewables filiale du groupe allemand E. ON.
A consulter : Brève histoire d’un projet photovoltaique mort-né à Bazas.

Centrales photovoltaïques au sol et loi Littoral
Dans ses jugements du 16/04/2015 et du 12/05/2015, le tribunal administratif de Bordeaux a annulé les permis de contruire de 2 parcs photovoltaïques à Naujac-sur-Mer , pour incompatibilité avec la "Loi Littoral".
Ces 2 décisions doivent être prises en compte par la Commission de Régulation de l’Energie, afin d’exclure des appels d’offre, tout projet incompatible avec la Loi littoral. [3]
A consulter : Un parc photovoltaïque retoqué par la justice administrative à Naujac sur Mer (33)

Etranges pratiques
Les chantiers de centrales photovoltaïques au sol donnent lieu à d’étranges pratiques.
 Ainsi, sur le chantier de la "ferme photovoltaïque" d’Arsac (Gironde), le préfet a dû prononcer l’arrêt d’une entreprise hongroise pour infraction de travail illégal [4] [5]
 Pointant de nombreuses infractions, le maire de Louchats ( Gironde) a fait arrêter le 02/10/2014 un chantier de "champ photovoltaïque". [6] [7]
 A Saint-Magne (Gironde), la commune attend toujours le versement par l’opérateur de 15 000 € de garantie et refuse les avenants au contrat proposés par celui-ci. [8]
 A Saint Jean d’Illac, un projet photovoltaïque porté par Valorem, pourrait être, selon Sud Ouest, au coeur d’un conflit d’intérêt. [9]

Centrales solaires et risques d’incendie
Trois incendies se sont déclarés en 2018, dans des centrales photovoltaïques de Gironde : le premier le 21 mars 2018, le second le 7 juillet 2018, et le troisième à Louchats le mardi 23 octobre 2018.
Lors de cet incendie du 7 juillet 2018 dans une ferme photovoltaïque de Sainte-Hélène (Médoc), le feu a détruit 11 hectares de broussailles à l’intérieur du site et 20 000 panneaux. [10]

Selon Bruno Lafon, président de l’Association régionale de DFCI (Défense des forêts contre l’incendie) «  Les parcs photovoltaïques sont des installations industrielles qui se doivent de mettre en œuvre des mesures de prévention (débroussaillement à l’intérieur et à l’extérieur de la centrale) vis-à-vis du risque incendie et des dispositions organisationnelles, avec la désignation d’un technicien d’astreinte pour permettre au service d’incendie et de secours d’intervenir à l’intérieur de la centrale dans les plus brefs délais. Ils doivent assurer la défense de leur site. » [11]. Nous sommes bien d’accord.
 Le lundi 9 mai 2022, un incendie s’est déclaré dans une ferme photovoltaïque à Saucats (commune pressentie pour accueillir la mégacentrale HORIZEO). Le préjudice est estimé à plus de 400 000 euros. [12]
 Le 19 juillet 2022, une centrale photovoltaïque au sol de 42 hectares a été détruite par le feu, à Hostens. [13]
 le mardi 18 avril 2023, un incendie qui a pris dans le parc photovoltaïque du Bétout, à Sainte-Hélène (Gironde), a ravagé deux hectares de végétation. [14]
 le samedi 22 juillet 2023, un panneau a pris feu dans le parc photovoltaïque de Sainte-Hélène. Les flammes se sont rapidement propagées aux fougères tapissant le sol sous les autres panneaux."Un technicien a dû être dépêché sur place car le site était fermé et donc difficile d’accès pour les pompiers qui ont mobilisé d’importants moyens aériens. Le feu a été circonscrit à 1,5 ha". [15]
 le jeudi 27 juillet 2023, un nouvel incendie est survenu sur ce parc de Sainte-Hélène, entraînant sa fermeture administrative. [16]

A lire :
 Coût et rentabilité des énergies renouvelables en France métropolitaine (Eolien terrestre,biomasse, solaire photovoltaïque) CRE. Avril 2014
 Dans le sud-ouest, les centrales solaires dévorent les terres agricoles.
14 juin 2013_ Simon Charbonneau
 Bilan électrique Nouvelle-Aquitaine 2018.RTE
 Panorama de l’électricité renouvelable.RTE
 Centrales solaires cherchent terrains à aménager. Jean-Denis Renard. Sud Ouest. 15/01/2018
 Rapport de la Cour des Comptes de mars 2018 : "Le soutien aux énergies renouvelables"
 Solaire photovoltaïque. Pierre Delacroix. Sud-Ouest Nature N°144. Mai 2009.
 Incendies en Gironde : les parcs photovoltaïques ont-ils joué les pare-feu ? Jérôme Jamet. Sud Ouest. 25/08/2022.

Mise à jour du 28/07/2023

Portfolio


[1ce terme de zones anthropisées regroupe les friches minières, friches de carrières, de décharges et de stockage de matériaux, les friches industrielles de toute nature ainsi que les grandes emprises de parkings, comme celui de la foire de Bordeaux et sur les toitures (maisons individuelles, entrepôts logistiques, grandes surfaces commerciales...)

[2Ombrière géante sur le port. Yannick Delneste. Sud Ouest. 30/09/2015
http://www.sudouest.fr/2015/09/30/ombriere-geante-sur-le-port-2139307-2754.php

[4Gironde : des ouvriers hongrois étaient payés 2 euros de l’heure. Julien Lestage. Sud Ouest. 25/11/2014
http://www.sudouest.fr/2014/11/25/des-travailleurs-payes-2-euros-de-l-heure-1747020-2736.php
Le préfet prononce l’arrêt de l’activité d’une entreprise photovoltaïque à Arsac (21-11-14).

[5La ferme solaire d’Arsac s’étend sur 186 ha de terres agricoles.

[6A Louchats, le maire interdit l’accès au chantier photovoltaïque. C. Dawmont et F. Montheiller. 03/10/2014. Sud Ouest.
http://www.sudouest.fr/2014/10/03/le-maire-interdit-l-acces-au-chantier-1691545-3241.php

[7La ferme solaire de Louchats a nécessité le défrichement de 30 ha de pinède.

[8Projet photovoltaïque : non aux avenants. Patricia Droge.24/11/2014. Sud Ouest.
http://www.sudouest.fr/2014/11/24/projet-photovoltaique-non-aux-avenants-1745570-3132.php

[10https://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/accident/51880/
En fin de matinée du 07/07/2018, un feu se déclare dans un parc photovoltaïque de 100 ha, d’une puissance cumulée de 12 MWc. Le parc est divisé en 3 zones distinctes. Le feu concerne la zone 3 composée de 20 406 modules. Les 2 autres zones contiennent 19 570 panneaux.

Un riverain, voyant des fumées, alerte les pompiers qui arrivent sur site à 12h20. A 13h40, le gestionnaire du réseau électrique déconnecte le parc. Devant le risque d’électrisation, les pompiers s’efforcent de contenir le feu dans la seule zone du parc touchée sans chercher à l’éteindre. A 14h15, l’exploitant déconnecte les boites de jonction au fur et à mesure de l’extinction du feu. L’incendie est peu violent en l’absence de quantité importante de combustible. Le site est arrêté. L’incendie détruit 11 ha de végétation.

Le montant estimé des dommages matériels serait compris entre 3 et 4 M€ (ensemble des modules photovoltaïques de la zone 3 et une partie des équipements électriques). Le montant total de la perte de recettes durant le temps nécessaire aux travaux pourrait s’élever à 1 M€, sachant que la zone 3 représente 51 % de la puissance nominale du parc.

L’incendie a eu lieu 1 mois après la mise en service du parc au cours d’une période de sécheresse et de forte chaleur. L’analyse des alarmes de la zone 3 et l’inspection in situ des modules ont révélé la présence de stigmates singuliers sur un module en particulier (traces de combustion sur le pourtour inférieur du panneau, suivant le cadre aluminium du module. Des matériaux carbonisés en forme de gouttes sont retrouvés au droit de ce panneau sur le sol. La chute de matériaux incandescents a pu propagé le feu à l’ensemble de la zone via la végétation. L’administration impose à l’exploitant de laisser une végétation haute de 30 cm et de ne pas ramasser les graminés fauchées car le parc se situe dans une zone d’habitat protégé d’une espèce de papillon en voie d’extinction. Un fauchage de la zone avait eu lieu 3 semaines avant l’incendie.

[11Centrales solaires en Gironde : attention au risque d’incendie. Xavier Sota. Sud Ouest. 13/07/2018. https://www.sudouest.fr/2018/07/13/danger-sous-les-panneaux-solaires-5229101-3100.php