Coronavirus : test de résilience de notre société globalisée ?

Tout d’abord, une pensée émue pour celles et ceux qui sont impactés directement, de près ou de loin, par cette terrible épidémie de Coronavirus, le Covid-19.
L’émotion ne dispense pas de réfléchir aux causes et aux leçons à tirer, et beaucoup ont commencé à le faire, car la soudaineté foudroyante des crises sanitaire, sociale, économique et financière provoquées par cette pandémie, nous sidère et nous interpelle. Quel sens lui donner ? De quoi sommes-nous responsables ?

Peu de scénarios avaient prévu que notre société mondialisée du 21ème siècle et sa haute technologie puissent être terrassées par cet avorton de microbe « excrément de la Terre", tel le lion abattu par le moucheron dans la fable de La Fontaine.

Quel dur retour au réel pour beaucoup d’entre nous, notamment pour les jeunes générations occidentales qui n’avaient pas connu de crise !

Au-delà des drames humains liés au décès d’êtres chers, au confinement ou à la solitude, force est de constater que ce virus réussit là où des dizaines de conférences internationales sur le climat (COP) ont échoué jusqu’à présent : faire baisser les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique, notamment en clouant au sol nos avions. [1] [2]

Avec cet effondrement (car il s’agit bien d’un effondrement) [3], l’anéantissement de pans entiers de notre activité économique et ce krach boursier, cette pandémie nous révèle toutes les fragilités de notre civilisation thermo-industrielle s’appuyant sur l’hyper-mobilité des biens et des personnes.

Notre Président l’a affirmé : « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. » [4]

Chiche !

Cette crise mondiale 2020 constitue en quelque sorte le laboratoire de notre adaptabilité à un choc externe et un test de résilience à grande échelle, dont les résultats pourraient nous être bien utiles à l’aube de bouleversements prévisibles autrement plus graves et irréversibles, liés au réchauffement climatique. [5]

Cette période est compliquée aussi pour notre Fédération, qui tente de s’adapter tant bien que mal aux mesures de confinement, en reportant les réunions statutaires (conseils d’administration, assemblée générale), en généralisant, dans la mesure du possible, le télétravail pour ses salariés, et en s’efforçant de sécuriser ses ressources financières.

Puissions-nous tirer toutes les leçons des événements tragiques actuels, en amorçant une dé-mondialisation de notre économie, et en faisant de la biodiversité une alliée contre de nouvelles épidémies. [6]

Daniel Delestre
Président de la Sepanso Aquitaine

Editorial de la revue Sud-Ouest Nature N°186 du 1er trimestre 2020

Mise en ligne du 10 avril 2020.
Mise à jour du 17/04/2020