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Artificialisation des sols, perte de forêts… le monde d’après
mercredi 3 mars 2021
Alors que le gouvernement dévoile son plan de relance forestier visant à "reboiser les forêts françaises, poumon vert de notre territoire", un projet photovoltaïque totalement démesuré vient s’ajouter à tous les autres dont nous avons connaissance et menace cette fois 1000 hectares de forêt à Saucats, aux portes de Bordeaux. Contrairement aux autres projets similaires qui, quelques dizaines d’hectares par quelques dizaines d’hectares, mitent insidieusement le massif forestier, celui-là ne pouvait pas passer inaperçu. Il fera donc prochainement l’objet d’un débat public.
Comble de l’incohérence avec les discours officiels visant à freiner l’artificialisation des milieux naturels et à promouvoir l’objectif "zéro artificialisation ", un des porteurs de ce projet géant qui, au mépris de tous les documents d’urbanisme qu’il faudrait modifier, transformerait 1000 hectares boisés en espace voué à l’industrie, n’est autre qu’Engie, société dont le principal actionnaire est ... l’État.
Bien entendu, il y a toujours d’excellentes raisons de déroger aux principes de protection des forêts puisqu’à Saucats, il existe à peu de distance un poste source capable d’absorber toute l’énergie produite. Mais on comprend surtout en filigrane qu’il est bien plus facile et moins coûteux d’installer des panneaux sur 1000 hectares de terrain plat d’un seul tenant, que de devoir équiper, pour une puissance équivalente, des dizaines de milliers de toitures toutes différentes, plus quelques centaines de parkings et autant de toits d’entrepôts...
Il n’en demeure pas moins que, quelle qu’en soit la raison, les milieux naturels continuent à être artificialisés à un rythme qui ne faiblit pas. Ceci n’est pas durable et, puisqu’il faudra, tôt ou tard, cesser cette fuite en avant suicidaire et changer de comportement, mieux vaudrait que ce soit le plus tôt possible, tant qu’il est encore temps.
En effet, les forêts apportent bien plus de services à l’humanité et au climat que de simples panneaux de silicium et les terres agricoles ont pour vocation première de nourrir l’humanité.
C’est pourquoi la SEPANSO s’oppose à ce projet qui n’est pas vertueux. Et, dans le monde d’après comme dans celui d’avant, elle continuera encore et toujours à promouvoir la sobriété énergétique et les solutions de moindre impact environnemental, afin de léguer à nos descendants une planète où ils pourront vivre et où, nous l’espérons, il fera encore bon vivre.
Philippe BARBEDIENNE
Président de la SEPANSO Gironde
Vice-président de la SEPANSO Aquitaine
Editorial de la revue Sud-Ouest Nature N°189 du 4ème trimestre 2020