Changement climatique 2021 : un diagnostic scientifique implacable

Ce rapport [1] [2] [3] [4] expose sans affect, tout au long de ses 4000 pages, la compréhension physique la plus récente du système climatique et du changement climatique.
Il confirme la part prépondérante des activités humaines dans l’augmentation inédite de la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre (GES), cause du réchauffement climatique en cours.
Il atteste que le dioxyde de carbone (CO2) est le principal moteur du changement climatique, et démontre qu’il y a une relation presque linéaire entre les émissions cumulées de CO2 liées aux activités humaines et le réchauffement global qu’elles causent.
Il décrit sans détour, l’enfer qui attend les générations futures, si l’on continue d’extraire et brûler les combustibles fossiles.
Il met en évidence que les émissions de GES dues aux activités humaines ont élevé les températures d’environ 1,1 °C depuis la période 1850-1900 et fait valoir qu’à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de GES, la limitation du réchauffement aux alentours de 1,5 °C, ou même à 2 °C, sera hors de portée.

Changements croissants dans toutes les régions du monde
Les changements climatiques s’accentueront dans toutes les régions au cours des prochaines décennies.
Dans le cas d’un réchauffement de 1,5 °C, les vagues de chaleur seront plus nombreuses, les saisons chaudes plus longues et les saisons froides plus courtes. Avec une hausse de 2 °C, les chaleurs extrêmes atteindraient plus souvent des seuils de tolérance critiques pour l’agriculture et la santé publique.

Intensification du cycle de l’eau
Le changement climatique en cours intensifie le cycle de l’eau. Cela apporte des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent, et des sécheresses plus intenses dans de nombreuses régions.
Récemment, la région Nouvelle Aquitaine a été frappée par des intempéries exceptionnelles, cohérentes avec les analyses du GIEC, et aggravées par l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols.
– Ainsi les 10 et 11 mai 2020, sur le bassin de la Leyre et celui du Ciron, il est tombé 160 mm d’eau en 36 heures soit l’équivalent de deux mois de précipitations, provoquant une situation exceptionnelle et des dégâts importants sur le Val de l‘Eyre, le Sud-Gironde et la Haute-Landes. [5]
– Plus récemment, la ville d’Agen a été frappée le 8 septembre 2021 par des pluies diluviennes, engorgeant les réseaux d’eaux pluviales et noyant certains quartiers de la ville sous 2 mètres d’eau. Des précipitations record de 130 mm en 24 heures ont été observées, soit l’équivalent de 2 mois de précipitations. [6]
L’augmentation de l’intensité et la fréquence des fortes précipitations, renforce les risques d’inondations par ruissellement, dont le caractère soudain et violent les rend particulièrement destructrices. Des mesures d’adaptation imposent notamment de désimperméabiliser les sols, de redimensionner les réseaux d’eaux pluviales, et de mettre en oeuvre des solutions fondées sur la nature [7]. [8]

Vagues de chaleur
Les vagues de chaleur font partie des extrêmes climatiques les plus préoccupants au regard de la vulnérabilité de nos sociétés et de l’évolution attendue de leur fréquence et leur intensité au XXIe siècle.
Ces phénomènes sont accentués dans les villes, les milieux urbains étant souvent plus chauds que les zones environnantes, avec la création d’îlots de chaleur.
Y faire face, nécessite de revoir en profondeur l’aménagement de nos villes, en y insérant des espaces végétalisés permettant l’évapotranspiration.
En Nouvelle Aquitaine, des records de chaleur sont observés de plus en plus fréquemment.
– Ainsi, le 23 juillet 2019, Bordeaux a battu son record absolu de chaleur avec 42,6°C, dépassant le record de 40,7 °C datant du 4 août 2003 [9]
– Le 31 juillet 2020 à Socoa au bord de la mer, la température record de 41,9°C a été relevée, dépassant le précédent record remontant à l’épisode caniculaire de 2003. [10]

Que faire ?
«  Pour garder une chance de limiter le réchauffement il faudrait laisser dans le sol près de 60% des réserves de pétrole et de gaz et 90% de celles de charbon. Aucun des engagements de réduction des émissions pris à ce jour par les principaux pays producteurs de pétrole et de gaz n’inclut d’objectifs explicites de réduction de la production.  » [11]
Quelle lourde responsabilité de tous les acteurs des industries pétrolière, gazière et charbonnière mondiale !

Sauvegarder un climat vivable, nécessite de remettre en question nombre d’activités développées au 20ème siècle, dont les transports routiers et aériens particulièrement gourmands en énergie.
Pour limiter la casse sociale, la transition climatique impose, non pas de prononcer une fatwa [12] contre l’avion ou le camion, mais d’accompagner les reconversions professionnelles, avec la disparition prévisible de pans entiers de l’industrie . [13]

Protéger le climat «  implique aussi d’abandonner la croissance du produit intérieur brut (PIB) comme horizon collectif et comme boussole des politiques publiques, compte tenu de sa corrélation avec les émissions de gaz à effet de serre et la surexploitation des ressources naturelles.  » [14]

Promulguée le 22 août 2021 , la Loi Climat et Résilience [15], n’a malheureusement pas repris les 149 propositions de la convention citoyenne pour le Climat. [16]
L’histoire dira si cette loi, destinée à adapter notre pays aux effets inéluctables du changement climatique et à atténuer ses émissions de GES, a été à la hauteur de l’urgence climatique.

Puissent les décideurs politiques et économiques de tous les pays, s’approprier les conclusions implacables du 6ème rapport scientifique du GIEC.

DD

Mise en ligne du 27/12/2021
Mise à jour du 15/01/2022

Article publié dans la revue Sud-Ouest Nature N°192 du 3ème trimestre 2021