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Besoins en eau de la centrale nucléaire du Blayais
mercredi 22 mars 2023
L’importance des prélèvements d’eau et des rejets dans l’estuaire de la Gironde, explique la contribution notable de la centrale nucléaire du Blayais à l’affaiblissement de biodiversité aquatique de l’estuaire, et sa vulnérabilité aux effets du changement climatique
Les immenses besoins en eau de la centrale nucléaire du Blayais sont assurés par 4 sources.
1°) Besoins en eau douce de process
Les besoins en eau douce de process (circuit primaire, circuit secondaire et circuit incendie), sont assurés :
– à hauteur de 98% (725 000 m3/an) par un prélèvement dans l’Isle . Ce prélèvement est assuré par une conduite spécifique, qui vient d’être perturbée par le chantier en cours de la LGV Tours/Bordeaux.
– à hauteur de 2% ( 15 000 m3/an) par prélèvement dans la nappe profonde du crétacé supérieur. Les prélèvements dans la nappe du crétacé supérieur sont épisodiques, et n’interviennent qu’à titre d’appoint, par rapport à ceux effectués dans l’Isle.
Cette eau douce subit d’abord un prétraitement sur décanteur et filtres à sables, qui permet d’ôter 60% des sels dissous et 20% de la silice. L’eau du circuit incendie est issue de ce premier traitement. Ensuite cette eau prétraitée est soumise à une déminéralisation sur résines échangeuses d’ion, qui permettra d’obtenir une eau « ultrapure ».
Divers produits sont ajoutés à cette eau "ultrapure" en fonction de son utilisation dans le circuit secondaire ou primaire : morpholine, hydrazine, bore...
Cette eau de process est rejetée au final dans l’estuaire, et est la cause principale des rejets chimiques et radioactifs constatés dans l’estuaire autour de la centrale.
2°) Besoins en eau de refroidissement des 4 réacteurs
Les besoins en eau de refroidissement du cycle de production d’énergie sont assurés par un prélèvement dans l’estuaire de la Gironde.
Cette eau saumâtre subit une filtration grossière par passage sur tambour filtrant. [1]
Les besoins s’élèvent par réacteur à 1,25 milliards de m3 par an soit pour les 4 réacteurs à environ 5 milliards de m3/an. [2]
Le débit d’eau nécessaire au refroidissement est nominalement d’environ 40 m3/s par réacteur [3] , et dépend de son régime de fonctionnement. A l’arrêt à froid un réacteur a encore besoin un débit d’eau de refroidissement d’environ 1m3/s.
Cette eau est intégralement rejetée dans l’estuaire, réchauffée d’environ 10°C, et avec un taux d’oxygène amoindri.
Selon EDF, l’impact de la centrale sur la teneur en oxygène dissout des eaux de l’estuaire serait faible.
A noter qu’aucune mesure directe de la concentration en oxygène des eaux de refroidissement rejetées par la centrale, est effectuée.
3°) Besoins en eau pour les dispositifs techniques de secours permettant d’évacuer durablement la puissance résiduelle du réacteur et de la piscine d’entreposage des combustibles en cas de perte de la source froide (Source d’Eau Ultime : SEU)
Ce dispositif de sécurité ultime, en cours de validation, consiste en la création de 4 puits de pompage en nappe à proximité de l’îlot nucléaire de chaque réacteur, afin d’atteindre la nappe cible FRFG072 constituée de calcaires au sommet du crétacé supérieur captif Nord-aquitain.
En phase travaux , le prélèvement annuel maximal autorisé est de 54 000 m3 d’eau.
En phase d’exploitation , le prélèvement maximal autorisé est de :
– débit maximal autorisé : 75 m3/h
– volume maximal journalier : 600 m3/j
– volume maximal annuel : 5040 m3/an
Afin de garantir que les 4 puits SEU forés sur des sols argilo-calcaire répondent aux objectifs de productivité attendus, ceux-ci sont "finalisés" par injection d’acide chlorhydrique concentré à 32 ou 35 % (2 à 3 tonnes) + procédé « air lift » permettant, selon EDF, de récupérer l’ensemble du volume d’acide chlorhydrique injecté dans les puits.
4°) Besoins en eau potable :
Les besoins en eau potable et usage sanitaire sont assurés par le circuit municipal : ces besoins sont de l’ordre de 48 300 m3/an
L’importance des prélèvements et des rejets dans l’estuaire de l’eau utilisée, explique l’impact notable de la centrale du Blayais sur la faune aquatique de l’estuaire, et la vulnérabilité de cette centrale aux effets attendus du changement climatique.
SAGE Estuaire
En matière de réduction des impacts du CNPE du Blayais sur la faune estuarienne, les objectifs du SAGE Estuaire de la Gironde, paraissent bien modestes [4] :
"L’impact des prélèvements d’eau du CNPE du Blayais sur la faune estuarienne est maintenu à un niveau aussi bas que raisonnablement possible en prenant en compte les contraintes technico-économiques de l’industriel. Dans ce sens le CNPE fournit à la CLE :
– le bilan annuel du fonctionnement de ses dispositifs de lavage basse pression des tambours filtrants
– le bilan quadriennal de la veille technologique effectuée sur les dispositifs destinés à limiter le prélèvement de la faune dans l’estuaire"
A consulter :
– Projets de décision de l’Autorité de sûreté nucléaire encadrant les prélèvements et rejets dans l’environnement de la centrale nucléaire du Blayais (INB n° 86 et n° 110)
– Le gouvernement révise à la baisse la part du nucléaire dans la consommation d’eau en France. Perrine Mouterde. Le Monde. 29/03/2023
– La consommation d’eau des centrales nucléaires françaises en débat. Perrine Mouterde. Le Monde. 23/03/2023
– Arrêté interministériel du 18 septembre 2003 autorisant Electricité de France à poursuivre les prélèvements d’eau et les rejets d’effluents liquides et gazeux pour l’exploitation du site nucléaire du Blayais.
http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2003/03-39/a0393069.htm
– EDF. Centrales nucléaires et environnement.Prélèvements d’eau et rejets.
– Compte-rendu de la réunion sur l’eau du 27 mai 2014. CLIN du Blayais.
– Commission Locale d’Information Nucléaire du Blayais
Sources : EDF et CNPE du Blayais. Les données de prélèvements d’eau sont celles des prévisions pour l’année 2015)
Mise à jour du 30/03/2023
[1] Ce passage sur tambour filtrant, de l’eau prélevée dans l’estuaire, est avec l’impact mécanique et thermique du circuit de refroidissement, une des premières causes d’atteinte de la centrale à la faune aquatique. Cf brève Sepanso sur le sujet
[2] Le prélèvement, le traitement et la mise en circulation des immenses volumes d’eau nécessaires au fonctionnement de la centrale, mobilisent environ 5% de l’énergie électrique produite par la centrale.
[3] Le débit d’eau nécessaire au refroidissement des 4 réacteurs en marche à pleine puissance représentante environ 160m3/s, ce qui représente environ 1% du débit d’intrusion de l’estuaire, et 20% des débits moyens réunis de la Garonne et la Dordogne.
[4] PAGD de l’Estuaire de la Gironde. Disposition RH7 : Maintenir les impacts des prélèvements du CNPE du Blayais sur la faune estuarienne à un niveau aussi bas que raisonnablement possible